Claudine naît le 29 mai 1801, à Féternes, « Vers le Creux ». Ses parents sont très pauvres mais animés d’une grande foi. Ils ont 9 enfants dont quatre meurent en bas âge. Aînée de la famille, Claudine est placée très jeune comme bergère à Champanges, puis comme domestique à Publier et à Châteauvieux. Habitée d’un grand désir d’apprendre, elle parvient à lire grâce au service bienveillant d’une voisine. Elle a quinze ans quand sa mère meurt. Très dévouée à son père, Claudine assume avec courage et abnégation le soin du ménage et l’éducation de ses frères et sœurs. Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle a le désir d’apprendre le métier de couturière. Son amie de Marin lui donne des leçons de coupe et de couture ; elle peut désormais travailler chez elle ou aller de maison en maison pour transformer ou confectionner des vêtements. Le remariage de son père, quelques années plus tard, la libère de ses obligations familiales.
En 1828, le vicaire de la paroisse de Féternes est nommé curé à Chavanod. Il propose à Claudine de venir avec lui pour prendre soin de sa mère âgée et assurer les services du presbytère. Désireuse de chercher toujours la volonté de Dieu, elle prend le temps de prier, de réfléchir et de demander conseil, avant de donner une réponse positive à cette proposition.
Elle a 27 ans quand elle arrive à Chavanod. Très vite, l’Abbé DELALEX et Claudine sont sensibles à l’état d’ignorance des enfants et à la situation difficile des jeunes. Elle qui n’a pas connu la joie de franchir le seuil d’une école, ouvre sa cuisine aux petites filles de Chavanod pour leur enseigner ce qu’elle a pu elle-même apprendre. Elle réunit aussi les jeunes filles le dimanche après-midi pour leur faire une lecture, réfléchir et prier avec elles. Toujours désireuse de s’instruire pour mieux aider les enfants et les jeunes à sortir de leur condition de pauvreté, elle ira ensuite quelques mois à Genève pour perfectionner sa lecture et son écriture. Se sentant de plus en plus appelée à une vie toute donnée à Dieu et au service des autres, Claudine demande au curé DELALEX de pouvoir partir de la cure. Elle loue une chambre près de l’église, consacre davantage de temps à la prière et continue à faire la classe aux filles de la commune. Quelques jeunes filles demandent à partager son mode de vie.
A Chavanod, au cours d’une retraite paroissiale animée par les Missionnaires de Saint François de Sales qui allaient de paroisse en paroisse pour vivifier la foi des chrétiens, Claudine rencontre, le fondateur de cette congrégation, le père Pierre-Marie MERMIER. Il est lui-même préoccupé par la situation des jeunes filles dans les campagnes et par l’éducation de la classe pauvre. Il rêve de créer une association de jeunes filles pour assurer l’instruction et l’éducation des enfants en milieu rural. Quand il écoute Claudine lui exprimer ce qu’elle vit à Chavanod avec les enfants et les jeunes, il voit en elle celle qui pourrait être l’animatrice de cette association. Il l’invite à rencontrer l’Évêque d’Annecy, Mgr REY, qui bénit son œuvre et l’encourage à continuer.
Les jeunes filles qui désiraient vivre à la manière de Claudine devinrent donc les premières Sœurs de la Croix de Chavanod, réunies autour d’elle, et guidées par le Père MERMIER.
La congrégation, fondée en 1838, est reconnue par lettre de Mgr REY, le 4 novembre 1841. Parmi les premières sœurs certaines sont institutrices en milieu rural, d’autres sont ouvrières dans des familles et dans des collèges du diocèse. Toutes s’engagent à faire connaître et aimer le Seigneur et à être au service des plus démunis. Elles vont aller en Suisse dès 1862. A la mort de Sœur Claudine, en 1869, la congrégation compte déjà 300 sœurs.
En 1886, une nouvelle page de la congrégation s’ouvre avec la première fondation en Inde. De 1886 à 1921, 66 religieuses européennes partent en mission en Inde. En 1951, des sœurs partant de l’Inde ouvrent une communauté au Sri Lanka.
Des communautés se sont implantées ensuite en divers pays et sur d’autres continents :
En Afrique centrale : Congo Brazzaville (1958), Cameroun (1987), République démocratique du Congo (2022).
En Afrique de l’Est : Tanzanie (1979), Kenya (2000), Ouganda (2006).
En d’autres pays d’Asie : Népal (1985), Israël (1986).
En Amérique latine : Pérou (1989), Colombie (1996), Équateur ( 2006), ainsi qu’aux Etats-Unis en 2002.
Ainsi la congrégation a pris une dimension internationale, exerçant sa mission en quatre continents.
Portant le nom des Sœurs de la Croix, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ est pour chaque Sœur une source inépuisable de force et de joie pour vivre sa vocation de disciple, un appel à révéler l’amour infini de Dieu pour toute l’humanité.
A la suite de Mère Claudine ÉCHERNIER et du père Pierre-Marie MERMIER, les Sœurs de la Croix sont nourries et guidées par le témoignage de vie et les Écrits de Saint François de Sales et Saint Ignace de Loyola.